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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 13:21

LA LIBYE DE KADHAFI : AFGHANISTAN, IRAK OU KOSOVO BIS ?

 

Des révolutions dans le monde, on en a déjà vues. Mais, celles qui se vissent, depuis une certaine période, en Afrique et dans le monde arabe, méritent qu’on s’y attarde avec un œil plus pointu que d’habitude. Sinon, les observateurs ne vont pas tarder d’en trouver une autre appellation. Ce qui nous tente nous-mêmes d’ailleurs.  Des manifestations populaires ayant abouti aux départs des présidents, Zine El-Abidine Ben Ali de la Tunisie et Osmi Moubarak de l'Egypte, au mouvement insurrectionnel mué en rébellion au Libye sans faire fi de mouvements de révolte contre des régimes dont on a parlé en Algérie, au Yémen, en Iran… sa ne pouvait que sentir de la main noire occidentale. Les derniers développements des événements sur la scène internationale, au regard de la situation libyenne, en est une preuve.


Après des hésitations face aux révoltes de la Tunisie ou de l’Egypte, la France a réussi, avec la Grande-Bretagne et le Liban, à convaincre le Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (ONU) à autoriser la force contre le régime de Mouammar Kadhafi. En adoptant le projet de résolution franco-britannico-libanais, les occidentaux ont pratiquement mis en place une coalition pour appuyer une rébellion en Libye. Où serait en train d’aller ce monde si la France et les Nations-unies n’ont pour objectif que de mettre fin à la répression, qu’un pays souverain est en droit d’exécuter sur son sol, du soulèvement contre le régime du dirigeant libyen ?


« C’est une question de jours, c’est peut-être une question d’heures. Chaque jour, chaque heure qui passe alourdit le poids de la responsabilité qui pèse sur nos épaules. Prenons garde d’arriver trop tard, ce sera l’honneur du Conseil de sécurité d’avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur l’oppression », a plaidé Alain Juppé, ministre français de Affaires étrangères pour faire passer le plan de son administration.


Ce qui a amené le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni à New-York le 17 Mars 2011, à voter une résolution instaurant une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Libye. Le texte autorise donc le recours à la force internationale. Prétextant assurer la protection des populations civiles face à l’armée de Mouammar Kadhafi, la coalition internationale a également autorisé « toutes les mesures nécessaires ». Ce qui, en diplomatique coercitive, voudrait dire : « actions militaires », même si l’occupation militaire au sol n’en est pas explicitement autorisée. Contraint de jouer le jeu, Tripoli a décrété un cessez-le-feu conditionné à une discussion pour les modalités d’exécution. Laquelle n’arrivera peut-être jamais.


Le plus surprenant dans cette affaire c’est que, quelques heures plus tôt, des sources françaises annonçaient déjà des raids sur les centres de commandement et les points stratégiques de l’armée libyenne, dès que le feu vert serait donné par l’ONU. Ce, au nom de la responsabilité en vue de  fait prévaloir la loi, la démocratie, la liberté, etc. De quelle loi, de quelle démocratie, de quelle liberté, etc. ? L’occasion, pour nous, de postuler que : « Les principes qui sous-tendent  la responsabilité en vue de la prévalence de la loi sur la force, la démocratie sur la dictature, la liberté sur l’oppression, etc. sont exclusivement fonction des facteurs qui président au rapport des forces en présence ».


Nous n’avons qu’à analyser de plus près le comportement des acteurs internationaux vis-à-vis des questions brulantes de la politique africaines. En Côte d’Ivoire, les dirigeants africains sont restés sur des positions chancelantes  quand bien-même ils avaient chacun une opinion à faire valoir. Dans les cas tunisien et égyptien, tous ont fait preuve de réserve sans avoir la possibilité de justifier leur silence. La question libyenne, quant à elle, a donné l’opportunité à tous de se rendre compte de la versatilité des uns et des autres.
Alors que l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord (OTAN) a, après sa réunion extraordinaire du samedi 19 mars à Paris, lancé des attaques sur des objectifs libyens, l'Union africaine se dit encore contre l'intervention militaire et pour une action urgente. Absente au sommet de l'Elysée, l’UA s’est contenté de constituer un groupe de contact, pour négocier avec le colonel Kadhafi et l'empêcher de lancer son armée à l'assaut de la population libyenne.


Comment cette démarche serait-t-elle possible au moment où les opérations aériennes internationales s’intensifient en Libye ? Face aux bombardements des systèmes libyens de défense anti-aérienne par les forces britanniques, des bases aériennes libyennes par des avions furtifs américains et à l’annonce du déchaînement de l'appareillage des porte-avions français et autres, les dirigeants africains n’ont mieux à faire que de se détracter. Ils n’ont qu’à prendre du recule  et laisser Mouammar Kadhafi « prédire une longue guerre aux croisés ».
Puis que leurs représentants au Conseil de sécurité avaient fait preuve d’impuissance notoire, la Libye de Kadhafi deviendrait-elle l’Afghanistan, l’Irak ou le Kosovo bis ?...

 

Jean-Luc MUSHI-MPAKU

 

Kadhafi-Lybie

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