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5 juin 2019 3 05 /06 /juin /2019 14:24

De retour en République démocratique du Congo par la ville de Lubumbashi depuis le 20 mai 2019, Moïse Katumbi n’a jamais fermé la porte à une collaboration avec le président Félix-Antoine Tshisekedi (Fatshi) dans le cadre d’une opposition républicaine. C’est le souhait de tous les Katangais dans leur diversité en ce qu’ils voient dans le chef de Fatshi un rassembleur qui milite pour la refondation et le développement de la RDC. Les actes que ce dernier pose depuis sa prise de fonctions sont éloquents à cet égard.

Entre le chef de l’Etat, Felix-Antoine Tshisekedi, et Moïse Katumbi, le pont n’a jamais été rompu. Si, depuis l’accord de Genève créant Lamuka – du reste rejeté juste après par CACH, coalition qui a porté au pouvoir Félix Tshisekedi – les deux hommes n’avaient presque plus émis sur une même longueur d’ondes, le retour de Katumbi en RDC, après trois ans d’exil, a permis d’arrondir les angles.

L’on se rappelle que, deux jours après son arrivée triomphale à Lubumbashi, Moïse Katumbi s’est empressé de promettre, lors d’une conférence de presse, de tout mettre en œuvre pour renouer les contacts entre le chef de l’Etat et les principaux leaders de Lamuka, principalement Martin Fayulu et Jean-Pierre Bemba. Dans l’opinion, cette promesse de Katumbi est parue comme une volte-face. Dans différents cercles politiques, les déclarations de Moïse Katumbi ont été interprétés de diverses manières. Ce n’est pas pour autant que le président d’Ensemble pour le changement a renoncé à son engagement.

En effet, de l’avis de Moïse Katumbi, le rapproche- ment avec Félix Tshisekedi reste toujours d’actualité. Si certains, jusque dans son propre camp de la coalition Lamuka continue à remettre en cause la légitimité de Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi ne se trouve plus dans ce registre. Selon lui, Félix Tshisek edi est le seul et unique président de la République démocratique du Congo. Rien à redire là-dessus. Malgré les vives critiques, Moïse Katumbi n’en démord pas. Comme dans un jeu d’échec, il avance en toute sérénité ses pions. Bien plus, il est conscient d’un fait, le développement de la RDC passe par la réconciliation et la mise en commun de toutes énergies nationales.

C’est dans son Katanga natal que Moïse Katumbi a commencé son travail de mobilisation en faveur du chef de l’Etat. En attendant la grande tournée nationale qu’il entame le 10 juin prochain par la ville de Goma, Moïse Katumbi veut mettre tout le Grand Katanga derrière l’action du chef de l’Etat. Pour le président d’Ensemble pour le changement et actuel coordonnateur de Lamuka, un rapprochement avec le chef de l’Etat est une nécessité ; aussi prône-t-il une opposition républicaine. Ce qui est ni plus ni moins un gage de sa bonne foi.

D’ores et déjà, la nomination de Gabriel Kyungu wa Kumwanza, réputé très proche de Katumbi, à la présidence de la SNCC (Société des chemins de fer du Congo), est le signe annonciateur de la passerelle qui se met en place entre le président d’En- semble et le chef de l’Etat. Fini le temps de flottement qui a fait suite à l’accord de Genève, d’où est né la coalition Lamuka, qui a supporté la candidature de Martin Fayulu à la présiden- tielle de 2018.

Les lignes bougent déjà

« Avec le retour de Katumbi en République démocratique du Congo, l’on est désormais inscrit dans la logique de changement. De toutes les façons, Moïse Katumbi l’a clairement annoncé dès son arrivée à Lubumbashi. Il ne veut pas s’engager dans une opposition aveugle envers le chef de l’Etat. Il s’inscrit dans une logique progressiste, pour le seul bonheur du Congo et de son peuple. A ce titre, rien ne peut l’empêcher de rencontrer le président de la République. Pourvu que le Congo gagne », a fait part à notre rédaction un cadre bien placé dans la hiérarchie politique d’Ensemble pour le changement.

En tout cas, Moïse Katumbi à côté du président Félix Tshisekedi n’est plus une utopie. Dans le Grand Katanga, le décor se met déjà en place. Dans leur diversité, les Katangais ont applaudi la poursuite de la décrispation politique par Fatshi. Selon ces derniers, c’est à la faveur de cet engagement sans faille du chef de l’Etat que leur digne fils a été blanchi par la justice avant de rentrer dans son pays. Et c’est Katumbi qui s’est engagé à prendre le devant pour ramener tout le Katanga dans le giron du président de la République.

Est-ce à dire que Moïse Katumbi s’apprête à tourner le dos à Lamuka ? Ses partisans excluent cette hypothèse. « Ce n’est pas à l’ordre du jour. Lamuka a été créé à des fins bien précises. L’engagement de Katumbi au sein de cette plateforme n’est plus à démontrer. Mais, il faut reconnaitre qu’après les élections de décembre 2018, il y a une page qui a été tournée. Aujourd’hui, le destin du Congo est entre les mains de Félix Tshisekedi. Le méconnaitre, c’est faire preuve d’amnésie politique. Les premiers pas du président Félix Tshisekedi nous rassurent. Nous nous sommes rendu compte qu’il s’est inscrit dans la voie du progrès pour le pays, notent ses proches avant de rappeler que les prisonniers politiques ont été libérés, des exilés politiques sont rentrés au bercail ». Et d’ajouter, « Aujourd’hui, nous devons travailler pour le Congo et tourner nos regards sur le bonheur de ce peuple qui a tant souffert. C’est le message que Moïse Katumbi vulgarise dans le Grand Katanga. Sa grande tournée nationale va également dans ce sens ».

A tout prendre, le chef de l’Etat peut compter sur Moïse Katumbi. Depuis son retour en RDC, Katumbi pose des gestes qui vont dans ce sens. Avec lui, c’est tout le Grand Katanga qui est également prêt à s’engager dans la dynamique de l’action du chef de l’Etat.

On avait raison de dire que le grand retour de Moïse Katumbi va faire bouger des lignes sur la scène politique congolaise. Dans la réalité, les premiers signaux sont déjà là.

@lepotentielonline.net

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24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 02:37
Jean-Pierre Bemba : QUAND UN EX-CHEF DE GUERRE POURSUIVI PAR LA CPI POURRAIT CHANGER LA DONNE POLITIQUE EN RDC

Il pèse lourd, très lourd, et pourrait bien renverser la balance politique en République démocratique du Congo. Jean-Pierre Bemba, colosse d’1 m 90, dépassant largement le quintal, saura le 21 mars s’il est acquitté ou non par la Cour pénale internationale (CPI). L’ancien chef de guerre et vice-président congolais y est poursuivi depuis 2008 pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ». Des exactions commises par ses hommes entre la fin 2002 et le début de l’année 2003 en Centrafrique.

A l’époque, les troupes rebelles du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) qui contrôlent le nord de la RDC passent la frontière pour venir en aide au président Ange-Félix Patassé, menacé par les coups de boutoir du colonel François Bozizé. Viols, meurtres, pillages… Les soldats de Jean-Pierre Bemba sèment la terreur. Mais les preuves de l’implication directe du « chairman », comme le surnomment ses partisans, sont ténues.

S’il devait être condamné à une peine qui s’annonce légère, l’ex-candidat à la présidentielle pourrait quitter la prison de Scheveningen au printemps. Il est déjà attendu comme le messie par les siens à Kinshasa et dans son fief de l’ancienne province d’Equateur. « L’accusation s’est fourvoyée pendant huit ans en cherchant un bouc émissaire à la crise centrafricaine. Des horreurs ont été commises, mais elles sont le fait de quelques soldats. Malgré son incarcération, Jean-Pierre est resté notre président », estime Jacques Djoli, sénateur et membre du comité exécutif du MLC. Techniquement, ajoute l’affidé, rien n’empêche son chef d’être à nouveau candidat à la magistrature suprême puisqu’il n’a pas été déchu de ses droits civils et politiques. Et, « comme Mandela hier », il aurait conservé toute son influence.

D’autres figures de l’opposition le reconnaissent, voire s’en félicitent : le retour de « Jean-Pierre » en RDC renforcerait le camp des anti-Kabila. Tous reprochent au président de vouloir se maintenir au pouvoir à l’issue de son deuxième mandat en décembre 2016 en s’arrangeant pour faire « glisser » le calendrier électoral. « Aujourd’hui, observe Francis Kalombo, député de la majorité rallié à l’opposition, le pouvoir a même peur d’une mouche ou d’un chien. Alors, de Bemba… »

L’ancien vice-président était arrivé en seconde position lors de la présidentielle de 2006, emportant près de 70 % des suffrages dans la capitale. Accusé de haute trahison pour avoir refusé de fonder sa garde personnelle dans l’armée gouvernementale, il vivait en exil en Europe au moment de son interpellation. « Je suis convaincu qu’il a été arrêté et envoyé à La Haye pour des raisons politiques. On l’a mis au frais pour aider Kabila à asseoir son pouvoir », estime Martin Fayulu, président de l’Ecidé (Engagement pour la citoyenneté et le développement) et membre de la Dynamique de l’opposition, aux côtés du MLC.

« Fils à papa »

Né en 1962 dans les hautes sphères de la bonne société congolaise, Jean-Pierre Bemba ne s’imaginait sûrement pas finir un jour dans une geôle. Son père, Jeannot Bemba Saolona, un métis portugais, a longtemps été le « patron des patrons » de l’ancien Zaïre et l’un des prête-noms en affaires douteuses du président Mobutu Sese Seko. On l’aperçoit, dans Le Cycle du serpent du documentariste belge Thierry Michel. Il apparaît costumé, cravaté, pommadé, inspectant ses entrepôts débordant de riz et de café. Un homme élégant et massif, mais moins imposant que son rejeton à qui il a transmis la veine des affaires. Après des études de commerce à Bruxelles, « Jean-Pierre » se lance dans le secteur du téléphone portable et de la télévision. Sa sœur a épousé un fils du maréchal président.

C’est précisément dans l’un des bastions du mobutisme, la région d’Equateur, que le jeune Bemba se fait définitivement un prénom après la chute du régime et la victoire de Laurent-Désiré Kabila. Il y fonde en 1998, parrainé par le pouvoir ougandais, un parti milice, le MLC, et établit son quartier général dans l’ancien « Versailles » du dictateur déchu à Gbadolite. Il affirme avoir appris à manier le revolver lors d’un court stage effectué en Ouganda. Depuis leur jungle, ses hommes raflent tout ce qu’ils peuvent (or, diamants, bois précieux…), violent, tuent, allant jusqu’à se livrer à des actes de cannibalisme contre les Pygmées.

L’ancien « fils à papa » réussit malgré tout sa reconversion politique après la signature des accords de paix de Sun-City qui mettent fin à la guerre civile en RDC. Nommé vice-président, il suit les dossiers économiques et financiers, participe aux négociations qui ont mené à l’effacement de la dette du pays. Jacques Djoli, l’assure : « C’est un manager très rigoureux ». D’autres diraient un « criminel » sans foi ni loi.

Trouvera-t-il sa place au sein d’une opposition qui compte déjà plusieurs figures importantes comme l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, l’ex-président de l’Assemblée nationale et dirigeant de l’Union pour la nation congolaise Vital Kamerhe ou le « vieux » Tshisekedi, leader historique de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ? Il faudra probablement compter dessus. « Même s’il n’est pas en mesure de battre Moïse, il sera un apport considérable pour fragiliser Joseph Kabila », assure le député Francis Kalombo.

Analyse de Elise Barthet /L.M. ; titre modifié par J.L. SKAM

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